Alan Freed - legendary Rock 'n' roll DJ of the 50s

Alan Freed, né le 15 décembre 1921 à Johnstown en Pennsylvanie, est un disc-jockey radio américain. Il est né de l'union de Charles S. Freed, un immigré juif venu de Russie, et Maude Palmer, une Américaine d'origine galloise.



Il meurt le 20 janvier 1965 à Palm Springs en Californie. Il est connu comme l'un des disc-jockey radio ayant joué un rôle majeur dans la promotion du rock 'n' roll et du rhythm and blues dans les années 1950.

Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Alan Freed commence sa carrière radio comme commentateur sportif à WKST à New Castle en Pennsylvanie, puis devient directeur des programmes sur WKBN à Youngstown dans l'Ohio, puis WIBE à Philadelphie. Ces performances sur ces stations locales lui permettent de rejoindre WAKR à Akron dans l'Ohio puis WKEL à Cleveland en tant qu'animateur.

Il rejoint WJW en 1951, où il anime un programme de soirée : Moondog's Rock And Roll Party. C'est la première diffusion du rock 'n' roll à une large audience. Alan Freed trouve son nom au rock 'n' roll en reprenant une expression en usage depuis les années 1930 dans certaines chansons de rhythm and blues et qui signifie en argot « danser » ou « faire l'amour »1.

Il organise dès 1952 les premiers concerts d'artistes noirs. Alan Freed est le premier DJ blanc à soutenir avec force des artistes noirs jouant la « musique du diable ». La grande station new-yorkaise fait un pont d'or à Alan Freed en 1954. Freed anime alors ses programmes en direct du Paramount Theater de Brooklyn. Freed passe ensuite chez WABC.

Freed fait également l'acteur dans quelques films traitant des débuts du rock 'n' roll aux côtés de ses amis musiciens. Citons Rock Around the Clock (1956), Rock, Rock, Rock! (1956), Mr. Rock and Roll (1957), Don't Knock the Rock (1957) et Go, Johnny, Go! (1959)2.

La bonne société américaine en fait son ennemi numéro 1, mais Alan Freed s'avère longtemps intouchable en raison de sa popularité, sans égal dans le monde de la radio. À l'image du mouvement rock qui « meurt » en 1959, Alan Freed est renvoyé de chez WABC.


La carrière médiatique de Freed ne se limite pas à la radio, et la télévision utilise également ses talents. En 1957, son show télé est annulé quand le chanteur noir Frankie Lymon est filmé dansant avec une femme blanche.

Il signe également quelques textes de chansons pour Chuck Berry notamment.

À la suite du scandale de la Payola, Alan Freed est totalement discrédité par une bonne société américaine qui tenait, enfin, sa revanche. Le procès se tint en décembre 1962 et Alan Freed préféra plaider coupable, héritant d'une amende formelle de 300 dollars. Fin 1964, de nouvelles attaques fusent concernant la fiscalité de Freed, alors à l'hôpital. Il décède le 20 janvier 1965.

Alan Freed est considéré aujourd'hui comme l'un des plus importants DJ radio du XXe siècle.

Un film a été fait sur lui, en 1978 au cinéma : American Hot Wax de Floyd Mutrux.

https://www.rts.ch/info/culture/musiques/12683179-alan-freed-pere-centenaire-du-rocknroll.html
Le DJ américain Alan Freed est né il y a cent ans, le 15 décembre 1921. Pour avoir popularisé des disques de rhythm’n’blues dans l’Amérique ségrégationniste et inventé l’étiquette "rock’n’roll", il a été le promoteur clé d’un genre devenu décisif dans l’histoire de la musique populaire du XXe siècle.

Des big bands au Moondog House

À l’allure, c’est un trentenaire ordinaire au charme carnassier: cheveux noirs gominés, sourire de jeune premier, et ce corps menu coincé dans un costard cintré que relève un nœud papillon.

Mais qu’Alan Freed se coince derrière le micro d’une station radio et il devient aussitôt un dieu, un frère, un ami pour les milliers de kids venus goûter là à ces rugissements. Pourquoi? Parce qu’à cette génération grandie dans le puritanisme, Freed adresse un rhythm’n’blues sale, moite et sexué.


Un pouls dangereux qui, conduit par une basse lourde, commande au bassin et traduit tout ce à quoi on aspire quand on est adolescent en Amérique au début des années 1950: la volupté et l’illusion de la rébellion. À cette aspiration, le DJ trouve même un nom: "rock’n’roll". Le terme culturel le plus important inventé au cours du XXe siècle.

"Gee", premier succès rock'n'roll
DR - Flickr

Le son des jappements d’un chien. Un rythme bourdonnant qui s’impose lentement. Et, tandis que le rythme grandit, comme promettant d’exploser, la voix d’Alan Freed qui surgit, lentement d’abord, questionnant comme pour lui-même: "On est prêt pour le rock, là? Mmh, ouais, tout prêt? Ok. Parce qu’on est samedi soir, voyez. Parce qu’on est là pour s’éclater. Et qu’on va pas se louper".


Et alors qu’un groove comme sorti droit de terre s’impose enfin, le DJ harangue maintenant ces ouailles: ces bataillons de jeunes fidèles disséminés de l'Ohio à l'Ontario, du Canada à l'ouest de New York et jusqu’à la Virginie occidentale, pour certains réfugiés dans leur chambre, l’oreille collée à une radio portative. Le rythme s’emballe. Freed cogne sur un annuaire pour marquer le tempo, cite la marque d’une bière partenaire de son show et enchaîne les 45 tours de RnB, brûlants ou rêches qui font l’actualité de la musique populaire africaine-américaine.

C’est Amos Milburn et "Rock, rock, rock". C’est Johnny Ace et "The Clock". Plus tard, on loue la fougue de Big Joe Turner, on adule l’élégance racée de Lloyd Price, on célèbre la virtuosité bonhomme d’un Fats Domino et on se risque à jouer des titres informes et aux textes limités à une onomatopée rabâchée sur un groove d’enfer. Premier d’entre eux: "Gee" signé par The Crows. À l’origine, c’est une face B enregistrée par un obscur quartet de doo-wop formé à Harlem. Sous l’influence de Freed, cela devient le premier succès jamais raflé sous l’étiquette "rock’n’roll".

À l’écouter aujourd’hui, "Gee" n’a pourtant rien qui mérite qu’on s’y attarde. Pour toute structure, cette chanson qu’on dit avoir été et enregistrée en une heure propose un lead vocal qui répète en boucle combien il aime une fille, exultant "Gee!" lorsqu’un beat pachydermique mène l’affaire à son terme. Pourtant, à l’instar de "Sh-Boom" par The Chords (1954), "Gee" marque cet instant dans la musique populaire américaine où "l’énergie d’une chanson supplante ses qualités artistiques", selon le journaliste Tony Fletcher, auteur de l’essai "All Hopped Up and Ready To Go" (2009).


Dès lors qu’une chanson présente une mélodie et des arrangements soignés n’a plus la moindre importance. Au contraire! Moins un couplet sera ciselé, moins les mots prononcés seront intelligibles, plus le raffut tout autour sera prononcé et la peau de l’interprète tirera vers le sombre, et plus les chances de succès seront maximisées. Et cela, dans une nation bigote où la ségrégation raciale règne encore en maître dans plusieurs états, c’est rien de moins qu’une révolution culturelle!

Virtuose, exigeant et sexué
DR - Rock & Roll Hall of Fame.

Sale, méchant et sexué: en trois axes, voici comment on pourrait résumer l’ADN des titres que diffuse Alan Freed dans son émission bientôt rebaptisée Moondog’s Rock And Roll Party. Un "bruit noir" (ou "Big Beat" selon ses propres mots) devenu en 1953 le son de la jeunesse d’Amérique. Une génération choyée n’ayant pas connu la guerre, convertie depuis le berceau à la consommation de masse, et jouissant pour cela – chose nouvelle - d’un argent de poche dont elle ne sait que faire.


En effet, qu’il s’agisse de disques, de fringues, de magazines ou de films, rien n’existe encore sur le marché qui lui soit spécifiquement destiné. À l’instar des barons de l’industrie du divertissement qui, autour de 1953, produisent des longs-métrages ("L’équipée sauvage", etc.) spécialement destinés à cette jeunesse en quête de sensations fortes, Freed saisit l’immense potentiel commercial que renferme l’étiquette "rock’n’roll".

Par l’urgence qu’il charrie, par la racine noire qu’il concentre, par la jouissance qu’il promet et la bagarre dont il raffole, le son rock tranche avec tout ce que les parents ou grands frères de ces gamins ont un jour connu et apprécié. Aussi, par sa danse qui emprunte aux "danses animales" apparues durant les années 1920, comme aux rebonds et balancements du Jitterbug (danse reine de l’Amérique noire des années swing), le rock’n’roll épouse jusque dans ses pas la mixité des origines culturelles, raciales et sociales étasuniennes.


Dès lors, grâce au rock et à ses promesses, une génération devient le principal sujet d’un marché dynamique qui, dans ses excès, chahuts et tensions, dit toute l’excitation qu’il y a d’avoir 13 ou 18 ans au sein d’un pays réputé le plus moderne et prospère au monde.

Scandale de Payola
AFP - Vanguard Productions / Collection ChristopheL

Lettres de fans en pagaille, publicitaires faisant le pied de grue devant son studio, popularité s’étendant maintenant loin des frontières de la "rust belt" (littéralement "ceinture de rouille", le surnom de la région industrielle du nord-est des États-Unis): après avoir organisé le tout premier concert de rock’n’roll à l’Arena de Cleveland en mars 1952, Alan Freed s’installe sur le toit du monde.

En 1954, alors qu’un certain Elvis Aaron Presley enregistre "That’s All Right" dans un studio de Memphis, il part pour New York. Son émission se diffuse désormais en direct depuis le Paramount Theater de Brooklyn. Blancs et noirs s’y mélangent. Racistes et conservateurs hurlent au scandale. La station WABC le débauche à prix d’or. Les tournées s’enchaînent durant lesquels le DJ soutient Chuck Berry ou Jerry Lee Lewis. Hollywood lui offre d’apparaître dans des films, dont "Rock Around the Clock", conçus pour capitaliser sur la déferlante rock tant qu’il est encore temps.

Car tout cela, estime-t-on, cette "musique du diable" jugée scandaleuse par certains, ces mœurs de la jeunesse qu’on dit dégradées chez les puritains, ces danses odieuses où les bassins se frottent et se tordent et contre lesquelles s’insurgent les plus bigots, il est entendu que cela ne peut durer. Et que Freed, premier promoteur du scandale rock, doit payer.
Freed inculpé pour incitation à l'émeute


En 1958 alors, quelque chose se grippe dans cette mécanique de pouvoir. C’est d’abord un concert organisé à Boston qu’interrompt la police. Piqué au vif, Alan Freed encourage son public à résister au bouclage de la salle. Peu après, des bagarres ont lieu dans le métro. Le DJ est inculpé pour "incitation à l'émeute". De retour à New York, son employeur le lâche sèchement. Alan Freed croit pouvoir rebondir et lancer une nouvelle émission de télévision. Mais éclate le scandale de Payola. En cause: des pots-de-vin non déclarés reçus au fil des années par des maisons de disques en échange de titres soutenus durant ses shows.

Humilié, gravement discrédité, Freed diffuse sa dernière émission le 23 novembre 1959. Jugé trois ans plus tard, il plaide coupable pour deux des 99 chefs d’inculpation. On le condamne à une amende formelle de 300 dollars seulement. Mais sa carrière est derrière lui.

Miné par sa consommation d’alcool, inquiété en mai 1964 par des accusations fédérales d'évasion fiscale, le "père" du rock’n’roll est admis dans un hôpital de Palm Springs le jour de l'An 1965. Il y meurt vingt jours plus tard d’une insuffisance rénale, à 43 ans. Aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants DJ du XXe siècle, Alan Freed compte parmi les noms intronisés au Rock & Roll Hall of Fame aux côtés des pionniers Little Richard ou Chuck Berry.