Caravane Sologne - Bourreau

Prisées des collectionneurs avertis, les caravanes Bourreau ont rayonné dans les campings branchés dans les années 50 et 60. Une saga blésoise.
Avec sa forme typique de bonbonnière, la caravane Sologne de Bourreau et fils présente un côté rétro absolument délicieux. L’histoire de la marque, localisée à Blois, a commencé lorsque Fernand Bourreau, artisan charron, qui exploitait un atelier de forge à Molineuf (commune de Valencisse) où l’on réparait du matériel lourd voué à l’agriculture, décida de s’orienter vers la carrosserie poids lourd.


C’est à la fin des années trente que le professionnel, réputé pour son sérieux, ouvrit un second atelier carrefour Médicis juste à côté de l’usine Air-Equipement. L’activité s’est d’abord cantonnée à la fabrication et à l’entretien de bennes. Mais lorsqu’à la fin des années quarante, Fernand transmet progressivement le relais à ses fils Jean et Camille, ces derniers changent de stratégie.
De la carrosserie pour poids lourd à la caravane en 1950 Durant cette période de plein emploi, le loisir au foyer se limite parfois à écouter la famille Duraton sur Radio Luxembourg. Les plus chanceux rêvent de vacances au camping. Les fils Bourreau comprennent qu’un nouveau marché se profile. Ils saisissent l’opportunité en passant de la carrosserie à la caravane en 1950.
Formés au travail d’excellence inculqué par leur père, les frères misent sur un produit haut de gamme : la caravane Sologne. Le concept repose sur un châssis fabriqué aux forges de Molineuf, suivi de l’assemblage habitat à Blois. La caravane Sologne est dotée d’une technologie de dernière génération, comme les freins Westinghouse, un réfrigérateur encore absent chez les familles modestes et un matelas Dunlopillo, le must de la literie. Des aménagements et finitions optionnelles sur demande viennent s’ajouter au prix de base fixé à 11.000 francs (valeur 1960, soit 18 300 €) Le succès est au rendez-vous des campeurs aisés, les commandes affluent.
Ulysse Goujon, ancien salarié de l’entreprise se souvient : « Je suis rentré en 1948, on travaillait surtout en carrosserie. Au début des caravanes, ça démarrait doucement et puis tout c’est accéléré. Au plus fort de la production, nous étions une cinquantaine de salariés à fournir un travail de qualité, exigé par le père Fernand Bourreau qui savait former ses ouvriers. Les caravanes finies, en moyenne cinquante à l’année, stationnaient dans les allées François-Ier, en attendant la livraison. Mais, à partir de 1964, les affaires ralentissaient, alors je suis parti », assure le retraité qui garde un bon souvenir de l’entreprise.
En fait, l’explosion de la demande au cours des années soixante profite aux industriels. Face à une concurrence féroce et l’apparition de divergences internes, l’entreprise familiale est déstabilisée. Bourreau et ses fils ferment en 1965, laissant place aux établissements Vildard, grossiste en viande de porc. L’unité de Molineuf continue d’assurer l’entretien des caravanes, jusqu’à sa disparition à l’aube des années soixante-dix.
Aujourd’hui, la marque reconnue des amateurs avertis, fait toujours recette. Élevée au rang de produit vintage, la caravane Bourreau fait des émules chez les collectionneurs.
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